Arrêts de travail et désengagement Sécurité Sociale

Rédigé par Matthias Lespinasse        Publié le 11/04/2025

Le décret n°2025-16 du 20 février 2025, publié au Journal Officiel le 21 février , modifie les conditions d'indemnisation depuis le 1er avril 2025. Ces nouvelles règles entraîneront des conséquences directes pour les entreprises et les salariés, notamment sur les régimes de prévoyance complémentaire.

Nouvelle indemnisation par la Sécurité Sociale

Actuellement, en cas d’arrêt maladie, un salarié est pris en charge par la Sécurité Sociale à hauteur de 50 % de son salaire brut, dans la limite de 1,8 fois le Smic (soit 3 242,31 €). Depuis le 1er avril, ce plafond d’indemnisation sera réduit à 1,4 fois le Smic (soit 2 522,57 €).

Le délai de carence reste fixé à 3 jours pour les salariés du secteur privé. La baisse du plafond de rémunération a donc un impact sur l’indemnité journalière maximale.

 

La mécanique de calcul demeure relativement simple mais l’impact significatif

Tableau montrant les calculs de l’impact significatif du changement des arrêts de travail 2025

L’indemnité maximale versée par la Sécurité sociale par jour d’arrêt maladie passera ainsi de 53,31 € brut pour un salaire mensuel égal à 1,8 SMIC à 41,47 € brut (pour un salaire mensuel égal à 2 522,52 €).

Nous nous sommes intéressés à l’impact de cette baisse de prise en charge par la Sécurité Sociale sur les régimes de prévoyance complémentaire.

En effet, ces contrats, qui sont destinés à compenser la perte de revenu liée à un arrêt de travail, devront combler un écart plus important pour compléter la prise en charge de la Sécurité Sociale. De plus, dans le cadre des prochains renouvellements, nous pouvons anticiper t une augmentation des primes, de la part des assureurs, pour compenser ces effets inflationnistes. Ces augmentations concerneront pour les contrats prévoyance dont l’expression de garantie vise à compléter la prise en charge de la Sécurité Sociale.

Exemple : indemnité journalière complémentaire = 80% du salaire de référence sous-déduction des indemnités journalières de Sécurité Sociale.

 

Exemple 3 salaires différents (Avant/Après) changements des arrêts de travail 2025

Pris en charge du contrat : garantie à 80%

Graphique montrant le pourcentage de surcoût en fonction du salaire brut mensuel. Le surcoût est maximal à 3 250 € (36,8 %) et décroît progressivement jusqu'à 7 % à 8 500 €. Voir tableau ci-dessous pour le détail.

(*) Calcul du pourcentage d'augmentation lié au changement des arrêts de travail :

Ancien IJC : [80% - 50%] x 3 / 91,25 x 3 000€ = 29,59€

Nouveau IJC : 80% x 3 / 91,25 x 3 000€ - 50% x 2 523€ = 37,44€

Pourcentage d'augmentation : ((37,44 - 29,59)/29,59) x 100 = 26,53%

Pour un salarie de 3 000€ brut, on aura donc un impact de +26,53% sur le coût du risque "Arrêt de travail"

 

Illustration graphique de l'impact sur le coût du risque des arrêts de travail

Pris en charge du contrat : garantie à 80%

Graphique montrant le pourcentage de surcoût en fonction du salaire brut mensuel. Le surcoût est maximal à 3 250 € (36,8 %) et décroît progressivement jusqu'à 7 % à 8 500 €

Il est clair que ce sont les entreprises dont le salaire moyen se situe « autour » de l’ancien seuil (entre 3 000 € et 3 800€), qui seront les plus impactées. Avec un pic d'augmentation à 36,8% pour les salaires brut de 3 250€.

Les salariés subiront une baisse plus importante de leur indemnisation de base, ce qui accentuera la pression sur les dispositifs complémentaires.

 

Qu'est-ce qu'une prime de prévoyance ?

La prime de prévoyance est un coût payé par l'entreprise à son assureur pour couvrir les risques liés à la santé de ses employés qui affecteraient leur capacité de travail (incapacité de travail, invalidité, décès).

Elle permet de compléter les indemnités versées par la Sécurité Sociale en cas d'arrêt maladie, mais aussi d’assurer une couverture en cas d’accident de travail ou d’incapacité permanente.

 

L’impact des nouvelles règles sur les coûts pour les entreprises

Actuellement, la Sécurité Sociale indemnise à hauteur de 50 % du salaire brut, dans la limite d’un plafond (1,8 fois le Smic). Mais depuis le 1er avril 2025, ce plafond est réduit à 1,4 fois le Smic. Cela signifie que la prise en charge par la Sécurité Sociale est moins élevée.

Les régimes de prévoyance complémentaire vont donc combler cet écart, ce qui entraîne une hausse des primes pour les entreprises.

Exemple type d’impact sur une entreprise :

Illustrons l'impact d'une réduction de l’indemnisation par la Sécurité Sociale et son effet sur la prime de prévoyance.

Hypothèses :

  • Garantie : 80 % (l'assurance prévoit de verser 80 % du salaire de l’employé, au-delà des indemnités journalières de la Sécurité Sociale)
  • Salaire brut mensuel moyen du salarié : 3 250 €
  • Prime de prévoyance actuelle : 120 €/mois (C’est le montant que l’entreprise paie pour l’assurance prévoyance chaque mois pour un salarié donné, et cette prime couvre plusieurs risques)

Dans cet exemple, 30 € du montant de la prime de prévoyance (120 €) sont spécifiquement destinés à couvrir le risque d'arrêt de travail. Cela signifie que 25 % de la prime totale est consacrée à cette couverture.

Calcul de l'impact des changements

Selon le graphique ci-dessus, pour une garantie à 80%, la réduction du plafond d'indemnisation par la Sécurité Sociale (à 1,4 fois le Smic) entraîne une augmentation de 36,8 % des coûts liés à l’indemnisation des arrêts de travail. Autrement dit, l'entreprise devra faire face à un surcoût de cette part spécifique de la couverture.

Donc :

  • Part de l'arrêt de travail dans la prime : 30 €
  • Surcoût lié à la réduction de l'indemnisation : 36,8 %

Le surcoût mensuel sera donc de :

  • Impact tarifaire : 36,8% × 30 € = 11,04 €

Cela signifie que l'entreprise devra ajouter environ 11,04 € à la part de l'arrêt de travail de la prime de prévoyance, portant ainsi le coût de cette couverture à 41,04 € par mois pour ce salarié au lieu de 30€ initialement.

  • Surcoût : 36.8 % x 30 % / 120 = 9.2%

Illustration graphique de l'impact du coût du risque des arrêts de travail selon différents taux de garanties

Graphique montrant le pourcentage de surcoût en fonction du taux de garantie (70%, 80%, 90ù) de la prime prévoyance.

 

Pourquoi l’impact est plus important pour certains contrats ?

Le surcoût peut être plus important si la couverture de l'arrêt de travail dans le contrat est faible. Par exemple, si une entreprise choisit une couverture à 70 % du salaire plutôt que 80 %, cela signifie qu’en cas d’arrêt de travail, l'indemnisation de base est inférieure, et l’écart à combler par la prévoyance sera plus important.

Dans ce cas, l'augmentation des primes pourrait être plus marquée, car l'assureur devra couvrir une plus grande partie de la perte de revenu du salarié, ce qui génère une hausse de la prime. En résumé, plus la couverture pour l’arrêt de travail est faible, plus l'impact financier pour l'entreprise sera élevé.

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Article écrit par
Matthias Lespinasse

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