AUDIOPROTHÈSES À 100 % : CE QUI VA CHANGER

Rédigé par Margaux VB        Publié le 01/07/2018

Dans le monde des audioprothésistes, les négociations n’ont pas été un long fleuve tranquille. Les professionnels redoutaient qu’un Big bang  ne bouleverse leur modèle économique. On évoquait notamment la dissociation entre la fourniture de l’équipement auditif et la facturation du suivi et de l’entretien. Il n’en a rien été. Sur ce point, les discussions ont abouti à un statu quo : demain comme hier, le prix de vente de la prothèse auditive couvrira également la maintenance de l’appareil et le conseil du professionnel pendant toute la période de garantie. En revanche, en matière de réduction du reste à charge, le résultat des négociations est spectaculaire. Le « reste à charge zéro » sera effectif à compter de 2021 au prix d’une réduction drastique des tarifs et d’une augmentation significative de la prise en charge par les complémentaires santé et l’assurance maladie.

Le reste à charge pris en tenaille entre la baisse des prix et la hausse des remboursements

Aujourd’hui, 57% du prix des prothèses auditives restent à la charge du client. Avec un tarif moyen de 1500 € par oreille, il en coûte donc, à chaque assuré, 850 € par oreille, soit 1700 € au total, pour être correctement équipé. Un effort financier qui reste rédhibitoire pour de nombreuses personnes souffrant de troubles auditifs. 

D’ici à 2021, ce reste à charge imposant va être réduit à néant en trois étapes : il sera abaissé à 1300 € (pour deux oreilles) en 2019, puis à 800 € en 2020, pour atterrir à 0 en 2021. Cette offre sera circonscrite à un panier de soins « 100% santé », comportant de nombreux types d’appareils qui permettent l’amplification de sons extérieurs restituée à hauteur d’au moins 30 décibels, avec 12 canaux de réglage. Comme pour le dentaire et l’optique, l’accord prévoit une classe de prestations à prix limite de vente et une autre à prix libre. Ce qui distingue les prothèses auditives des autres secteurs, c’est l’importance de la baisse du prix limite de vente qui a été négociée avec les professionnels. De 1500 € en moyenne en 2019, ce prix limite de vente passera à 950 € en 2021. Dans le même temps, la Sécurité sociale va doubler sa participation (de 120 € à 240 €) tandis que les complémentaires santé combleront progressivement le reste à charge.

Entre effet volume et effet prix : un pari pour les professionnels

En France, si 6 millions de personnes souffrent de troubles auditifs, seuls 2 millions bénéficient de prothèses auditives. Suite à la réforme, on estime que le nombre de personnes équipées pourrait grimper à 3 millions. C’est sur cet effet volume que comptent les audioprothésistes pour compenser la baisse des prix. Certains fabricants espèrent, en effet, une croissance du marché de 7 à 8% par an en volume.

Après l’effort sur les prix, la prévention et communication 

Pour les personnes souffrant de problèmes auditifs, le bénéfice de cette réforme est sonnant et trébuchant. Cependant, en matière de troubles de l’audition, le prix ne fait pas tout. Certaines personnes rechignent à admettre ou afficher leur surdité. C’est pourquoi l’accord prévoit un volet prévention et communication. Promouvoir le « reste à charge zéro » et démonter les préjugés qui entourent la surdité ferait l’affaire des audioprothésistes. Mais qu’en sera-t-il des financeurs qui pourraient être victimes du succès de la réforme ? Du côté des pouvoirs publics, on préfère insister sur la réduction des risques liés au traitement des troubles auditifs : désocialisation, dépression, troubles cognitifs, ou chute. En revanche,  les organismes complémentaires craignent les effets d’une réforme qui aura moins d’impact sur les contrats collectifs des entreprises que sur les contrats individuels plus fréquents chez les retraités.

Damien Vieillard-Baron.

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Article écrit par
Margaux Vieillard-Baron

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