ET SI ON S’INSPIRAIT DU SYSTÈME D’ASSURANCE MALADIE ALLEMAND ?

Rédigé par Margaux VB        Publié le 27/06/2022

La protection sociale à la française vit des heures agitées. Les réformes se succèdent sans garantir durablement l’équilibre des finances du système de santé. Et le défi démographique du grand âge reste à relever. Dans ce contexte, certains proposent d’ouvrir un nouveau front avec l’idée d’une Grande Sécu… Centralisation et étatisation seraient ainsi les clés qui permettraient de résoudre tous les problèmes. L’Allemagne, si souvent érigée en modèle, n’a pas suivi cette voie. Bien au contraire ! C’est ce que révèle une étude parrainée par Gerep, qui est consacrée au système allemand d’assurance maladie, d’hier et d’aujourd’hui.

Le système d’assurance maladie allemand préserve le libre choix et la solidarité

Hérité d’une longue tradition (une histoire mouvementée détaillée dans l’étude) qui prend sa source au Moyen-Âge, le système d’assurance maladie allemand a évolué vers une organisation fondée sur la décentralisation de la gestion, la solidarité nationale et la liberté de choix des assurés. Oui, c’est possible ! Aujourd’hui, les allemands peuvent choisir entre plus de 100 « caisses légales » historiquement liées à une entreprise, une région ou un métier, et qui ont pu ouvrir leur offre à tous. Ces caisses assurent le remboursement des soins et collectent les cotisations sur les salaires bruts à un taux unique défini par l’Etat. Les contributions de l’ensemble des caisses légales sont placées dans un « Fonds santé » sur lequel sont également prélevés les remboursements des affiliés. Un mécanisme de compensation des risques existe et l’Etat peut être amené à combler les déficits ou prendre en charge certains frais comme l’assurance maladie des enfants ou les allocations familiales. Dans ce système, la multiplicité des acteurs n’a qu’une vertu : assurer la qualité des services et la maîtrise des coûts grâce à la concurrence !

Une place pour l’assurance privée

L’assurance maladie allemand est obligatoire. Mais il est possible d’opter pour une assurance privée au premier euro, c’est-à-dire d’être intégralement couvert par une assurance maladie privée. Ceux qui peuvent faire ce choix : les fonctionnaires, les professions libérales et les salariés qui perçoivent une rémunération annuelle supérieure à 62.000 euros. Une catégorie pour le moins hétéroclite et surprenante, encore une fois héritée du passé ! 8,7 millions d’assurés allemands ont fait leur choix parmi une cinquantaine de caisses privées. Ils disposent de tarifs différenciés et de règles personnalisées, ainsi que de quelques privilèges. Leur nombre ne progresse pas, l’offre de soins et la couverture offerte par les caisses légales étant jugés satisfaisantes. En revanche, 26 millions de cotisants ont choisi de compléter leur couverture de base par une assurance privée complémentaire qui leur permet, par exemple, d’obtenir une chambre individuelle en cas d’hospitalisation ou un remboursement des soins dentaires à 100% contre 80% au maximum pour les caisses légales.

Des performances enviables et des solutions « inspirantes »

Les dépenses de santé sont à peu près équivalentes en France et en Allemagne : autour de 12,5% du PIB en 2020. Du côté du reste à charge, les assurés français sont mieux lotis que les allemands : ils prennent en charge 9% de leurs frais de santé contre 13% Outre-Rhin, selon l’OCDE. Pourtant, le niveau de satisfaction envers le système de soins est bien supérieur en Allemagne. Alors que les lits d’hôpitaux sont devenus un sujet de débat dans notre pays, un chiffre peut illustrer cette différence : l’Allemagne compte 34 lits pour 100.000 habitants contre 16 seulement pour la France.

C’est surtout sa capacité à évoluer en douceur, à s’adapter et à maîtriser ses équilibres budgétaires qui caractérise le système d’assurance maladie allemand. Du côté français, le sujet de la protection sociale est plus heurté et bascule bien souvent dans des querelles politiques nationales, probablement du fait de l’extrême centralisation du système. Chez nos voisins, le libre choix des assurés et la concurrence entre les caisses n’enlève rien au sentiment que la santé et la protection sociale sont un bien commun : les soins sont satisfaisants, la solidarité est assurée, le contrat social est respecté. Le résultat, sans doute, d’une approche décentralisée et pragmatique, qui, face à des problèmes, cherche des solutions concrètes plutôt que des réformes spectaculaires. Exemple : les tarifs pratiqués par les organismes complémentaires à l’égard des retraités en France (qui ne bénéficient plus de la part patronale) justifieraient le chamboule-tout de la Grande Sécu. En Allemagne, la stabilité des dépenses est garantie, dans la plupart des caisses, par un mécanisme de capital-vieillesse intégré à l’ensemble des cotisations. Tout simplement… À l’heure où des réformes importantes se préparent à l’ombre de rapports et d’études franco-français, il peut être éclairant et inspirant de jeter un regard aux systèmes qui fonctionnent de manière plutôt satisfaisante et apaisée chez nos voisins européens.

Damien Vieillard-Baron

Président de Gerep


Pour obtenir l’étude complète, vous pouvez nous contacter à l’adresse mail suivante : marketing@gerep.fr

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Article écrit par
Margaux Vieillard-Baron

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