La perte de sens au travail, combien ça coûte ?

Rédigé par Emilie D        Publié le 09/05/2022

Après deux ans de crise due au Covid-19, il est courant d’évoquer la lassitude des salariés, leur souffrance due à l’appauvrissement des relations sociales, ou encore leur sentiment d’isolement lié au télétravail… Pourtant, une étude révèle que pour près de trois salariés sur dix, la crise sanitaire a coïncidé avec un regain d’intérêt pour le travail, tandis qu’à peine un sur dix avait ressenti une perte de sens.

Une bonne nouvelle pour les entreprises ! Car la perte de sens au travail est une calamité qui a un impact négatif, notamment sur l’absentéisme et le turnover. C’est ce que démontre, chiffres et explications à l’appui, une autre étude publiée par la Dares en août 2021.

Mais au fait, c’est quoi le sens au travail ?

Le salarié n’est pas un être purement rationnel qui viendrait froidement exécuter une tâche en échange d’une rémunération. En effet, pour être satisfait de son travail, il attend bien d’autres choses : obtenir de la reconnaissance, développer des relations sociales et des liens affectifs, bénéficier de bonnes conditions de travail, contribuer à une œuvre…

Le besoin de sens au travail fait partie de ces notions un peu confuses, employées souvent sans qu’on sache vraiment de quoi on parle. Les auteurs de l’étude de la Dares commencent donc par définir l’expression en donnant trois dimensions essentielles : le sentiment d’utilité sociale, la capacité de développement et enfin la cohérence éthique. Concrètement, le salarié doit sentir que son travail sert à quelque chose dans la société ou autour de lui, qu’il lui permet de s’épanouir, ou tout simplement d’avoir la satisfaction de faire du « bon travail », et qu’il ne rentre pas en conflit avec ses valeurs ou sa morale. À ces conditions-là, il n’y a plus de perte de sens au travail.

Les conséquences sonnantes et trébuchantes de ce phénomène

Partant de cette définition, les auteurs ont élaboré des questionnaires portant sur la fierté, le sentiment d’utilité, l’impression de progresser personnellement, de développer ses compétences, d’exprimer sa créativité, ou le fait d’être ou non en porte-à-faux avec ses convictions… Ces questions ont permis d’établir un scoring du sens au travail.

On découvre naturellement des variations en fonction des statuts, des métiers ou des catégories socio-professionnelles. Mais le plus intéressant vient du fait que les auteurs de l’étude ont interrogé les salariés à trois années d’intervalle, afin d’examiner précisément quelles pouvaient être les conséquences de la perte de sens au travail.

Par exemple, les 20% de salariés qui souffraient d’un déficit de sens dans leur travail sont plus nombreux que les autres (entre +30% et +40%) à avoir quitté leur emploi dans les trois années qui suivaient. Les chercheurs affirment même que la perte de sens est le facteur qui influence le plus la mobilité professionnelle (notamment plus que l’intensité du travail ou les autres facteurs de risques psychosociaux).

Pour les 20% de salariés qui ont connu la plus forte baisse de leur score de sens au travail sur trois ans, l’absentéisme annuel a augmenté de 3,7 jours sur la période. Une fois encore, si l’évolution de l’absentéisme dépend de l’intensité du travail et du soutien social, ces facteurs apparaissent moins déterminants que la perte de sens.

Le Covid au secours du sens au travail ?

Entre le 1er octobre 2020 et le 30 avril 2021, selon une étude du CEET, 29% des salariés ont déclaré avoir le sentiment que leur travail avait gagné en intérêt contre 10% seulement qui déploraient une perte de sens. Parmi les grands gagnants, figurent notamment les employés de commerces et les personnels du service aux particuliers… les fameuses professions « essentielles » qui ont bénéficié d’un éclairage et d’une reconnaissance exceptionnelles durant la crise.

Mais les employeurs ont tout intérêt à prendre en compte cette question du sens au travail sans attendre la prochaine pandémie. Il s’agit non seulement d’un indicateur avancé permettant d’anticiper des problèmes d’absentéisme et de turnover, mais aussi d’une clé pour améliorer la qualité de vie au travail et le management. Des enjeux cruciaux !

La perte de sens au travail pour les salariés, c’est bel et bien de la perte de valeur pour l’entreprise.

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Article écrit par
Emilie Daguenet

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