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Chaque automne, des millions de retraités du secteur privé attendent avec attention l’annonce de la revalorisation du régime complémentaire Agirc‑Arrco.
En 2025, la question est d’autant plus sensible que l’inflation reste modérée (1% en glissement annuel à fin octobre) et que les marges de manœuvre du régime sont contraintes.
Qu’est-ce que réellement la revalorisation Agirc‑Arrco ?
La revalorisation annuelle du régime Agirc‑Arrco intervient le 1er novembre de chaque année.
Qui est concerné par la revalorisation ?
- Tous les retraités affiliés au régime Agirc-Arrco, c’est-à-dire les anciens salariés du privé, percevant une pension complémentaire (cadres et non-cadres).
- Ceux ayant liquidé leur retraite dans ce régime ou avant le 31 octobre.
- Les nouveaux retraités après le 1er novembre verront la valeur du point actualisée s’appliquer directement à leur première pension (selon la décision finale).
Qui ne l’est pas ?
- Les retraités relevant uniquement de la pension de base (ex : régime général) doivent se référer à la revalorisation de base, généralement revue au 1er janvier.
Actualité :
Revalorisation Agirc-Arrco novembre 2025
En 2025, faute d’accord entre les représentants des organisations patronales et syndicales, les retraites complémentaires Agirc-Arrco n’ont fait l’objet d’aucune revalorisation au 1er novembre.
De même, la valeur d’achat du point Agirc-Arrco restera inchangée au 1er janvier 2026.
Evolution des pensions de retraite Agirc-Arrco
Un déséquilibre intergénérationnel dans le financement du régime
L’échec des négociations sur la revalorisation des pensions du régime complémentaire impacte directement les 14 millions de retraités dont les pensions resteront gelées malgré la progression de l’inflation.
Toutefois, cette situation pourrait, à l’inverse, se révéler avantageuse pour les salariés en activité.
En effet, cette situation peut être considérée comme avantageuse pour les salariés en activité car le gel des pensions réduit temporairement les dépenses du régime Agirc-Arrco. En d’autres termes, en n’augmentant pas les pensions des retraités malgré l’inflation, le régime réalise des économies. Ces ressources non utilisées pour les revalorisations peuvent alors être réorientées vers d’autres objectifs, comme :
- le renforcement des droits futurs des cotisants, c’est-à-dire une amélioration du rendement des cotisations versées aujourd’hui par les actifs ;
- la stabilisation des taux de cotisation, permettant d’éviter une hausse des prélèvements sur les salaires dans un contexte économique déjà tendu.
Ce mécanisme met en évidence un arbitrage entre générations : les retraités voient leur pouvoir d’achat s’éroder, tandis que les actifs bénéficient indirectement d’une gestion plus favorable de la trésorerie du régime.
Règle de calcul de la revalorisation Agirc-Arrco ?
Le régime Agirc-Arrco fonctionne par un système de points : pendant son activité, le salarié cumule des points en fonction de ses cotisations. À la retraite, le nombre de points acquis est multiplié par la valeur de service du point pour déterminer la pension de retraite complémentaire.
La revalorisation annuelle fait évoluer cette valeur de service, d’où l’importance du taux.
Règle fixée par l’accord national
Un accord national interprofessionnel (ANI) d’octobre 2023 pour la période 2024-2026 fixe la règle suivante :
- La revalorisation est indexée sur l’inflation hors tabac estimée par INSEE pour l’année en cours (2025)
- On applique un abattement de -0,4 point pour tenir compte du facteur de soutenabilité du régime
- Le conseil d’administration d’Agirc-Arrco dispose d’une marge de manœuvre de ±0,4 point par rapport à cette base
Conseils pratiques pour les entreprises dans ce contexte
- Anticiper le déséquilibre du système de retraite : mettre en place des systèmes alternatifs de retraite par capitalisation pour sécuriser l’avenir financier des salariés.
- Optimiser les régimes internes : un courtier conseil en protection sociale peut identifier les leviers pour réduire les coûts ou améliorer les avantages (performances, frais sous-jacents, services).
- Vérifier la conformité : s’assurer que les dispositifs sont conformes pour garantir les avantages sociaux et fiscaux et pour éviter des sanctions.
- Former les équipes RH : préparer les explications aux salariés et intégrer la retraite dans le plan d’accompagnement des collaborateurs.
- Planifier la communication interne : newsletters, réunions, documents d’information clairs et précis sur les dispositifs et l’actualité.
Conclusion
La retraite reste un sujet sensible pour les employeurs et leurs salariés.
Pour les entreprises, c’est l’occasion :
- De vérifier la conformité et optimiser les régimes de retraite supplémentaire (PER obligatoire, PER collectif...).
- D’intégrer ces sujets dans la planification financière des salariés.
- De renforcer la communication interne autour des dispositifs existants pour accompagner et fidéliser les salariés.
Les entreprises peuvent s’appuyer sur un courtier conseil en protection sociale pour analyser leur situation et mettre en place des stratégies pour sécuriser leurs obligations et/ou optimiser la gestion de leurs dispositifs de retraite par capitalisation.
Article écrit par
Amadou Kasse


Margaux Vieillard-Baron

Amadou Kasse



Hervé Baron
