Abattement fiscal retraités : quels impacts pour les retraités ?

Rédigé par Amadou Kasse        Publié le 16/05/2025

La suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, évoquée dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026, continue de faire débat.

Présentée comme une mesure de justice fiscale et d’efficacité budgétaire, elle interroge sur ses effets concrets pour les retraités dès l’an prochain. L’analyse de l’OFCE publiée le 9 janvier 2025 permet d’y voir plus clair, notamment sur l’impact de cette réforme de la fiscalité des retraités.

 

Un dispositif fiscal en question dans un contexte de rigueur budgétaire

Instauré en 1978, cet avantage fiscal pour les retraités vise à compenser la baisse de revenus subie par les retraités. L’abattement fiscal de 10% sur les pensions permet une réduction d’impôt automatique pour tous les contribuables déclarant des pensions de retraite.

Mais dans un contexte marqué par un déficit public élevé (5,8 % du PIB en 2024) et un objectif de 40 milliards d’euros d’économies à horizon 2026, le gouvernement envisage sa suppression. Cette réforme fiscale des pensions permettrait un gain budgétaire estimé entre 4 et 5 milliards d’euros par an.

Bonne nouvelle, à court terme, cet abattement fiscal pour les retraités est maintenu en 2025.

 

Une réforme motivée par la recherche d’équité intergénérationnelle

L’exécutif, par la voix de la ministre des Comptes publics, soutient que cette réforme vise à rééquilibrer la contribution fiscale entre actifs et retraités. Le gouvernement souhaite, par ce biais, éviter d’accroître la pression sur les salaires du travail et justifie cette mesure par la nécessité de renforcer l'équité du système.

L’objectif serait de faire contribuer davantage les retraités les plus aisés, tout en essayant de préserver les petites pensions. La mesure s’inscrit dans une volonté d’équité fiscale et d’adaptation du système aux évolutions démographiques.

Quels impacts pour les retraités si l’abattement fiscal disparaît ?

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a publié une étude le 9 janvier 2025 simulant les effets de cette mesure selon différents niveaux de revenus déclarés. Il en ressort plusieurs constats importants :

  • Aucun impact pour les retraités non imposables : si le foyer fiscal déclare moins de 19 500 euros de revenus annuels, il n’y aura pas plus d’impôt. L’abattement supprimé ne génère pas d’imposition si aucune n’est due initialement.
  • Entre 19 500 et 25 500 euros de revenus, le surplus d’impôt resterait modéré, de l’ordre de quelques dizaines d’euros.
  • De 25 500 à 30 000 euros, l’impôt supplémentaire atteindrait environ 200 euros.
  • De 30 000 à 39 000 euros, la hausse resterait inférieure à 500 euros.
  • Au-delà de 55 000 euros, l’impact devient significatif, jusqu’à 900 euros supplémentaires pour un foyer percevant 100 000 euros de revenus annuels.

Ces résultats mettent en lumière un impact progressif de la réforme, davantage ressenti par les retraités aux revenus moyens et supérieurs.

Pour les opposants, cette mesure constitue une forme déguisée de contribution de solidarité imposée aux retraités qui vient s’ajouter aux prélèvements déjà existants sur les pensions.

En effet, les pensions de retraite sont déjà soumises à plusieurs contributions :

  • Impôt sur le revenu, prélevé à la source ;
  • CSG : taux de 3,8 %, 6,6 % ou 8,3 % selon le revenu fiscal de référence ;
  • CRDS : 0,5 % ;
  • CASA : 0,3 % ;
  • Cotisation d’assurance maladie, dans certains cas spécifiques.

La suppression de l’abattement viendrait majorer le revenu fiscal de référence, ce qui pourrait entraîner une augmentation des prélèvements sociaux et la perte de certaines aides conditionnées (chèque énergie, MaPrimeAdapt, …).

Effets pour les ménages retraités par vingtième de niveau de vie

Source : OFCE – 9 janvier 2025

Schéma décrivant les calculs liés aux arrêts de travail 2025. Voir la description sous l’image.
Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2020 (actualisée 2022) ; Cnaf-Drees-Insee, modèle Ines 2022, calculs OFCE.
Champ : France métropolitaine, ménages comptant au moins un ménage retraité.
Lecture : Les ménages comptant au moins un retraité et appartenant aux 5% de ménages les plus aisés verraient leur revenu disponible amputé de 860 euros par an en cas de fin de l’abattement fiscal de 10% contre 510 euros en cas de désindexation des pensions en janvier.

 

Anticiper la fin de l’abattement fiscal : renforcer l’épargne retraite

Dans un contexte d’incertitudes croissantes sur le niveau futur des pensions, la suppression de l’abattement fiscal renforce l’urgence d’anticiper une baisse potentielle des revenus à la retraite. Une telle mesure, si elle est mise en place, affectera le pouvoir d’achat des retraités, même si les petites pensions en sont exclues. Les actifs ont tout intérêt à se constituer une épargne par capitalisation, en complément des régimes obligatoires par répartition.

Les dispositifs d’épargne retraite tels que le PER individuel, collectif ou obligatoire permettent de diversifier les sources de revenus à la retraite et d’assurer une meilleure résilience face aux réformes successives du système. En effet, ceux ayant souscrit un PER pourront continuer à s’appuyer sur leur épargne pour compléter leurs revenus. Les projections du Conseil d’orientation des retraites montrent que les rendements des régimes par répartition pourraient être moins favorables à l’avenir.

 

Le rôle des entreprises dans la préparation à la retraite

La réforme de l’abattement fiscal des retraités rappelle aussi que les entreprises ont un rôle stratégique à jouer en matière de préparation à la retraite :

  • Mise en place de dispositifs d’épargne retraite entreprise (PER Collectif, PER Obligatoire, Article 39)
  • Actions de sensibilisation et d’information auprès des collaborateurs
  • Mise en place et optimisation d’une épargne salariale avec un abondement des versements pour renforcer l’effort d’épargne des salariés

Ce soutien constitue un véritable levier d’attractivité et de fidélisation dans un contexte où la sécurisation du niveau de vie futur devient une priorité pour les salariés. Vous avez la possibilité d’accompagner la santé financière de vos salariés.

En résumé, la suppression de l’abattement fiscal de 10 %, bien qu’encore incertaine, s’inscrit dans une dynamique de redressement des finances publiques et d’équité fiscale. Si elle n’affectera pas les retraités non imposables, son impact pourrait être significatif pour les foyers aux revenus moyens ou élevés. Plus largement, cette évolution souligne l’enjeu majeur de la diversification des revenus à la retraite et le rôle clé que doivent jouer les employeurs pour accompagner leurs salariés dans cette transition.

 

FAQ : questions fréquentes sur l'abattement fiscal

Qu’est-ce que l’abattement fiscal retraités ?

C’est un avantage fiscal de 10 % appliqué sur les pensions de retraite déclarées. Il permet de réduire la base imposable des retraités.

Qui sera le plus touché par la suppression de l’abattement fiscal ?

Les retraités imposables, surtout ceux déclarant dès 25 000 euros par an. Le surplus d’impôt varie selon le niveau de revenu.

Est-ce que l’abattement fiscal retraités est supprimé en 2025 ?

Non. Il est maintenu en 2025, mais pourrait disparaître en 2026 dans le cadre du projet de loi de finances.

Qui bénéficie de l’abattement forfaitaire de 10% ?

Cette déduction s’applique automatiquement à tous les seniors, sans condition d’âge ni de ressources. Il concerne donc les pensions de retraite de base, d’invalidité, alimentaires et les retraites complémentaires.

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Article écrit par
Amadou Kasse

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